Une semaine de vacances, perdue au plein milieu du mois de mars. Tristan aurait préféré rester à Londres, dans son appartement, pour pratiquer le piano en prévision des prochains concerts. Il aurait préféré voir Giulia qui accepte de jouer avec lui. Il aime bien Giulia, elle est gentille et facile à vivre. Seulement voilà, Isolde n'aurait jamais permis qu'il reste là-bas pendant les vacances alors qu'il a l'occasion rêvée de rentrer passer une semaine auprès d'elle - elle ne lui aurait pas interdit, bien évidemment, elle n'est pas si cruelle. Elle se serait contentée de lui faire une scène, et il aurait culpabilisé, et il serait rentré quand même. Isolde fait marcher son fils avec une bonne dose de dramaturgie qui le fait systématiquement se sentir coupable, c'est sa marque de fabrique. Alors pour s'éviter ces désagréments, il ne s'est même pas posé la question. Il a réservé un billet de train, et il est rentré, sagement. Seulement maintenant qu'il a l'habitude de vivre seul, dans un endroit relativement calme, l'agitation qui règne dans la maison familiale le perturbe bien plus rapidement qu'avant. C'est la raison pour laquelle il s'est sauvé discrètement, histoire d'aller prendre l'air - et il se retrouve à une exposition. Des peintures et dessins sont exposés dans une petite galerie - un artiste en vogue dont il a entendu parler en arrivant à la gare l'autre jour. Il étudie chacune des oeuvres avec attention, plongé dans ses pensées et ses réflexions, les émotions qu'elles lui font ressentir - jusqu'à ce que qu'il bouscule quelqu'un, trop aspiré dans les étoiles.

- Excusez-moi, je ne regardais pas où j'allais...

Il rougit évidemment immédiatement, tandis qu'il se retrouve face à un jeune homme qui doit avoir son âge, brun aux cheveux bouclés.

- Je ne vous ai pas fait mal ?