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 pull me out the train wreck

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Blair Hastings-Bass
Blair Hastings-Bass

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MessageSujet: pull me out the train wreck    pull me out the train wreck  EmptyDim 28 Fév - 23:23
Elle s’est sauvée. Ce n’est pas inhabituel, mais une infime partie de son coeur proteste avec le venin de la culpabilité, qui s’insinue dans son esprit, et ne trouve d’apaisement que dans les verres qu’elle commande et qu’elle vide d’un trait. A côté d’elle, son père tire un tabouret et s’installe. Un coude sur le bar en marbre, la tête penchée vers elle, un regard à mi-chemin entre la réprobation et l’amusement. L’ironie. Elle n’est pas en train de devenir folle ; elle sait qu’il n’est pas là. Elle sait que son corps est allongé dans une boîte. Elle a dû cocher la qualité du bois sur un formulaire en papier fin, quelques jours plus tôt. L’idée est absurde, angoissante. Elle l’imagine étendu dans la soie blanche, les yeux clos, son costume sans cravate habillant un corps froid. Cette idée n’a aucun sens. Bart, tellement vivant. Tellement jovial. Quand Trish est morte, sa mort faisait sens. La mère de Blair était déprimée malgré son côté solaire ; mais Bart était encore jeune, encore énergique.

Il la toise avec ce demi sourire, et elle a la gorge serrée. Le whisky sans glace qu’elle s’offre sans relâche ne suffit pas à défaire le noeud qui l’empêche de respirer. Elle l’imagine assis là, à contempler sa vie. Elle se demande pourquoi elle ne l’a pas appelé ces quinze derniers jours, pourquoi elle ne lui a pas confié ses angoisses récentes, la rancoeur, l’abattement, les doutes, les remords. Elle a envie de lui hurler dessus, maintenant qu’il est installé à côté d’elle. Des reproches, elle en a plein qui lui viennent - mais elle voudrait surtout savoir pourquoi il la force à venir ici. Comme si l’univers lui faisait une mauvaise farce. La mort de Bart, Arthur qui est le Maire de la ville, Isolde qui élève son fils sous ses yeux dépassés. Blackpool représente son enfer personnel, et à cause de Bart, Blair est obligée d’y rester. Alan a perçu la dangerosité de la situation. Il l’a mise en garde, il a déjà dit qu’il fallait qu’ils rentrent ; elle, elle est aimantée. Des choses à régler, des gens à voir, des revanches à prendre.

L’image de son père disparaît dans un quatrième verre, puis un cinquième. L’alcool ne l’aide pas à pleurer. En face d’elle, un miroir habille le bar, et elle se retrouve un instant confrontée à elle-même, à cette image froide, glaciale. Un peu plus tôt dans la journée, Colin lui a crié dessus ; il ne comprend pas qu’elle ne pleure pas. Lui, il pleure trop. Elle non plus, elle ne comprend pas pourquoi toute sa peine est coincée. Elle détesterait pleurer, mais en même temps, elle se fait l’effet d’un vase qui ne peut pas déborder.

Le sixième verre marque le début de ses divagations. Elle parle au barman, elle titube pour aller aux toilettes. Son téléphone s’éclate sur le sol, elle tangue. S’accroche aux murs. Quelques secondes d’hésitation, et voilà qu’un homme qui ressemble à une armoire à glace lui attrape le bras pour la foutre dehors. Elle essaye de quémander, ricane, l’insulte un peu sans doute - mais avant qu’elle n’ait pu obtenir quoi que ce soit, elle est assiste sur les marches, devant une entrée secondaire de l’établissement. La tête posée contre un mur qui l’empêche de tomber. Elle ferme les yeux un instant - ou peut-être plusieurs minutes. Quand elle les rouvre, quelqu’un est planté devant elle, son téléphone collé à l’oreille - elle entend le prénom d’Alan. Elle reste silencieuse quand la pluie se met à tomber du ciel de Blackpool. Un homme grand et brun lui rend son téléphone - votre ami arrive, j’ai appelé votre dernier contact. Elle rit un peu. Son ami. L’inconnu la plante là, sous la pluie.

- Great. Now even the sky’s crying.

Elle croise les bras et jette un oeil fatigué aux alentours - sa tête tourne. Au loin, elle aperçoit une silhouette. Bart est là, encore. Péniblement, elle se redresse, une main sur le mur, ses pieds qui parviennent difficilement à franchir les marches. Elle est gelée. Elle veut lui crier dessus.

- Why? elle demande. Mais ce n’est pas un cri qui sort. A peine un murmure. Les larmes qui voudraient dévaler ses joues s’y refusent. Blair secoue la tête, et laisse s’échapper un rire profondément ironique de ses lèvres. Who am I going to turn to now?

Elle secoue de nouveau la tête, et referme ses bras autour d’elle-même. Elle essaye de s’avancer encore, mais l’arrivée d’une voiture, pleins phares, emporte l’image de Bart. Elle entend son prénom, et se laisse tomber sur un banc. Quand Alan arrive à sa hauteur, elle ne pleure toujours pas.

- I want another drink, elle lance, sans savoir s’il va l’entendre, sans savoir si c’est bien lui.
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Alan Wagner
Alan Wagner

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MessageSujet: Re: pull me out the train wreck    pull me out the train wreck  EmptySam 6 Mar - 22:18
Venir ici était une mauvaise idée et il ne l’en aurait pourtant jamais dissuadée. Mais le coup de fil qu’il reçoit ce soir ne fait que mettre un terme à l’attente anxieuse dans laquelle il se trouvait, seul dans une chambre d’hôtel sans savoir où la trouver. Malgré la situation loin d’être enviable, c’est rassuré qu’Alan prend les clés de la voiture de location en direction du bar devant lequel Blair devrait théoriquement l’attendre. Rien de moins sur, alors Alan fait vite. Lorsqu’il l’aperçoit, il tente une approche qui se veut délicate. Il l’a rarement vu dans ces états, mais il l’a connaît aussi suffisamment bien pour savoir qu’il serait peu raisonnable de lui faire la morale ce soir.

- Rentrer à l’hôtel est sans doute une meilleure idée... Laisse moi t’aider.

Alan lui offre son bras, un appui pour l’aider à marcher.
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Blair Hastings-Bass
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MessageSujet: Re: pull me out the train wreck    pull me out the train wreck  EmptyDim 7 Mar - 16:02
Il l'entend, c'est bien lui. La première pensée qui lui vient, à Blair, c'est à quel point ses bras sont rassurants, et son odeur, familière. Elle ne s'autorise jamais à penser ainsi, comme une exécution maladroite de la promesse muette qu'ils se sont faite, des années auparavant, de ne pas nommer ce qu'ils partageaient au quotidien. Avec le temps, elle s'est plus ou moins - et plutôt plus que moins - installée chez lui, semant ses affaires personnelles un peu partout. Il est rare qu'elle remette les pieds dans l'appartement londonien qu'elle ferait sans doute bien de mettre en location, à minima. Parfois, le soir, elle se languit de retrouver la chaleur de ces bras qu'elle trouve familiers, rassurants. Elle n'aura sans doute jamais la force de l'admettre, mais c'est ce qu'elle ressent, au plus profond de son coeur fragilisé par le passé. Elle l'aime, surement, mais ce ne sont pas des mots qu'ils emploient quand ils sont tous les deux, ces mots qui font peur. Elle pourrait tout foutre en l'air à tout instant ; d'ailleurs, ce soir, elle ressent le besoin violent qu'il s'en aille, parce qu'elle sent qu'elle pourrait dire n'importe quoi.

- Je ne veux pas rentrer, elle proteste, mollement, en s'accrochant néanmoins à son bras, titubante. Cet endroit est beau, on devrait aller boire un verre, elle répète en attrapant sa main.

Elle ne veut pas affronter les draps, le plafond au dessus d'elle pour penser à toutes ces choses qui l'oppressent. A la mort de son père, à la fragilité de son frère. A la tristesse de sa grand-mère - elle ne veut penser à rien de tout ça, en réalité.

- Alan, s'il te plait, elle supplie et proteste en même temps. C'est ridicule car le type de la sécurité ne la laissera très certainement pas rentrer à nouveau. Mais elle a peur ; elle est terrifiée. Partir maintenant, ce serait accepter de renouer avec la réalité. La vérité.
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Alan Wagner
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MessageSujet: Re: pull me out the train wreck    pull me out the train wreck  EmptyDim 7 Mar - 20:07
Blair proteste, l’envie de rentrer et rejoindre la chambre d’hôtel n’est visiblement pas là. Alan, me cherche aucunement la confrontation, mais il ne peut pas non plus se permettre de manquer de fermenté. Il connaît Blair, et se donner en spectacle dans les rues froides de Blackpool n’est certainement pas son ambition première. Il y a meme fort à parier qu’elle pourrait lui reprocher de ne pas intervenir.

- On prendra un verre demain. Il est tard et tu m’as l’air fatiguée.

Sa voix est douce et derrière l’euphémisme, Alan cache une insinuation qui ne remporterait pas les faveurs de Blair dans son état naturel.

- On pourrait même aller danser, mais ce soir on peut profiter de la baignoire de l’hôtel, regarder un film ?

Il doute que Blair ait l’énergie pour toutes ces activités, mais encore une fois, le but est de la ramener à l’hotel, là où elle sera en sécurité.
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Blair Hastings-Bass
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MessageSujet: Re: pull me out the train wreck    pull me out the train wreck  EmptyDim 7 Mar - 20:49
Fatiguée ? Elle penche la tête, dubitative, et le dévisage un instant. Elle oublie aussitôt pourquoi elle le toise ainsi, et se mord plutôt la lèvre. Il faut dire qu’il est beau, avec ses traits fins et ses yeux bleus. Elle oublie un instant d’où vient, pourtant, la colère qu’elle ressent et qui gronde au fond d’elle. Elle n’en sait rien, ce soir, l’alcool altère ses facultés de discernement et d’auto-diagnostique, qui lui servent tout de même depuis une bonne trentaine d’année à se sortir de tous types de situations périlleuses, quand elle sent qu’elle est sur le point de craquer - nerveusement. La colère vient du deuil, de l’injustice de cette famille qui continue de voler en éclats. Elle pensait, sans doute naïvement, qu’après avoir perdu sa mère, la plupart de ses grands-parents, puis deux enfants - certes, il n’est pas question ici de deuil, en tout cas pas pour Tristan, mais quand même - elle pourrait enfin profiter de quelques années d’accalmie. Et sans doute que ça a été le cas, en tout cas quelques temps. Mais c’était trop demander à Bart que de prendre soin de sa santé - elle se rappelle leur dernière conversation, lui les yeux sombres et nostalgiques, un verre à la main. Au moins, si je meurs, j’irai rejoindre ta mère. Les Hatings-Bass ne sont pas croyants, pourtant. Personne, chez eux, n’a jamais imaginé qu’il y avait une vie après la mort - après la mort, il n’y a rien. Cette idée l’angoisse profondément, et de nouveau, elle plisse les yeux. Pourquoi ses idées divaguent-ainsi ?

Plutôt que de formaliser cette angoisse, son esprit prend un raccourci malencontreux - et soudain, Blair se souvient d’où vient son agacement. Alan veut la forcer à rentrer, et elle, elle n’en n’a pas envie. Voilà ce qui l’agace - c’est logique, plat. Terre à terre.

- Un vrai petit couple de mariés... elle lâche, en secouant la tête, reprenant possession de sa main. Elle croise les bras, l’air dépité, tanguant un peu sur ses escarpins. L’alcool avait effacé la douleur d’une journée passée perchée là-dessus - mais maintenant qu’elle est dehors, dans le froid, à trépigner d’insatisfaction, la douleur revient, sourde. Elle en ajoute une couche à son agacement, palpable.

- Mais on est pas un petit couple marié, Alan. J’ai pas envie de jouer à ces jeux, j’ai pas envie de rentrer. Je veux boire un verre, et t’as pas le droit de m’en empêcher.

Sa voix tire dans les aigus, elle vacille légèrement, se rattrape d’une éventuelle chute en tournant les talons. Une petite voix, planquée très loin au fond de son inconscient, lui hurle qu’elle est injuste et puérile, qu’elle regrettera ces mots qui n’ont pas le moindre intérêt. Elle essaye de se forcer, à s’imaginer qu’il puisse lui aussi tourner les talons et la laisser là, toute seule, terrifiée, gelée, endeuillée et triste. L’idée l’angoisse, et elle lutte pour reprendre son souffle qui lui manque un instant. Seulement son égo alcoolisé refuse d’extérioriser ces pensées sombres, et plutôt que de se taire, de prendre sa main et de le suivre, elle secoue la tête.

- Je ne suis pas ta femme.

Ce qu’il n’a jamais sous-entendu par ailleurs. Et même si elle l’était, il ne la forcerait jamais à quoi que ce soit. Elle le sait - mais, dure, froide et distante - cette attitude la rassure un instant. Les yeux rivés sur le casino, dos à Alan, elle s’attend à ce qu’il s’en aille. Guette le bruit de ses pas qui s’éloignent sur le pavé froid, de la voiture qui démarre. Peut-être qu’il va partir et qu’il ne reviendra jamais. Les yeux de Blair s’humidifient légèrement. Au moins, s’il part maintenant, elle ne sera pas surprise. Tout le monde la quitte, pourquoi pas lui ?
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Alan Wagner
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MessageSujet: Re: pull me out the train wreck    pull me out the train wreck  EmptyLun 8 Mar - 21:37
Bien vite, les choses se gâtent et Alan ne peut pas s’empêcher d’afficher une mine défaite, même si elle n’en verra sans doute rien. Dans son grand optimisme il s’était imaginé qu’elle le suivrait tranquillement et que la ramener à de meilleurs sentiments ne serait pas aussi compliqué. Manque de chance, là n’est pas son intention et elle le lui fait bien vite savoir. La remarque tombe comme un couperet et Alan comprend donc que c’est là sa façon à elle de rejeter son aide, de le rejeter tout court d’ailleurs, car même s’il partage tout comme elle sa vision libertaire du couple, il a l’impression qu’elle lui reproche d’être là, de l’épauler. Il n’est pas idiot, il sait parfaitement que la mort de Bart la bouleverse, mais il ne parvient pas à éclipser l’idée qu’il puisse y avoir une part de vérité dans ses propos. L’étouffe t-il à ce point ? L’avocat prend à peine le temps de digérer la première remarque, qu’une seconde un peu plus violente vient l’accompagner. La solution serait de l’abandonner là, de partir sans se retourner, mais mariés ou non, ce n’est plus une option depuis longtemps.

- Je sais qu’on est pas mariés. Mais ça ne change rien tu sais ? Compagnon ou ami, j’aurais fait la même chose.  Tu essaies de me blesser parce que je ne suis pas d’accord avec toi.

Il baisse la tête, se hait d’être si vulnérable. Voilà ce qui arrive lorsqu’on s’autorise les sentiments et l’attachement. C’est arrivé avec Blair, c’est arrivé avec Grace, la vie était définitivement plus simple il y a quelques années, ça c’est certain. Alan doit mettre ses sentiments de côté cela dit, qu’il soit blessé n’est franchement pas la priorité ce soir.

- Ce n’est pas une question de droit ou non. Je t’en empêcherais pas,  eux ils ne te laisseront pas entrer par contre. Il serait donc plus judicieux de profiter de la voiture et de rentrer à l’hotel avec moi. Si tu veux faire chambre à part, ce n’est pas un problème, comme tu l’as si bien dit, on est pas mariés, je respecterais ta décision.  
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Blair Hastings-Bass
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MessageSujet: Re: pull me out the train wreck    pull me out the train wreck  EmptyLun 8 Mar - 22:16
C’est là. Juste là. La douleur s’affiche sur les traits d’Alan ; ou peut-être est-ce simplement de la peine, et qu’elle est trop prétentieuse. Peu importe, en tout cas c’est de sa faute. C’est peut-être pour ça qu’elle tourne les talons, aussi, pour cacher son trouble, son coeur qui cogne dans sa cage thoracique, la boule qui se forme au creux de sa gorge. Son esprit est embué, mais elle comprend ses mots. Elle sait qu’il a raison. Mais c’est plus violent que ça encore, elle ne le repousse pas seulement parce qu’il n’est pas d’accord. Elle le repousse parce qu’elle a peur, peur que tout s’envole, encore. Qu’il parte, comme Arthur, comme sa mère, comme Bart, comme Colin qui a pris la poudre d’escampette sur un autre Continent. Trop compliquée, trop forte, trop violente, trop sauvage, elle se donne l’impression d’être un lion en cage. Elle connait l’image qu’elle renvoie, ce qui ne veut pas dire qu’elle la comprend toujours. Parfois, elle souhaiterait que tout s’arrête un instant. Rien ne la destinait à devenir une forteresse - et de temps en temps, c’est si compliqué. Elle voudrait bien lui expliquer. Elle a envie de se lover dans ses bras, et en même temps, de le pousser aussi loin d’elle qu’elle le peut. Qu’adviendra-t-il le jour où il réalisera qu’il n’a rien à faire là ?

La vulnérabilité d’Alan la fait redescendre, un peu. L’énervement la quitte, petit à petit, en même temps qu’une légère bruine vient animer leur duo. Elle lève les yeux sur la façade lumineuse du Casino. Elle plisse les yeux, tente de distinguer les traits familiers des membres de sa famille devant elle. Bart a disparu - mais ce n’est pas lui qu’elle souhaiterait voir. Parfois, Blair aimerait avoir une conversation avec sa mère. Trish était une femme drôle, ingénue, légère et solaire - elle se demande pourquoi elle n’a pas hérité de ces traits familiaux. Rien ne vient, à part le froid, la pluie - et un instant, le silence, brisé par la voix d’Alan, à mi-chemin entre la tristesse et la résignation. Au fur et à mesure que l’alcool s’estompe de son organisme, elle réalise. Elle étouffe un sanglot pour qu’il ne l’imagine pas en train de pleurer, sans savoir si c’est la mort de son père qui l’attriste le plus ou les conséquences de ce qu’elle vient de dire.

Il ne part pas ; il reste là, derrière elle, sa voix la guide un instant dans l’obscurité et le silence qui règnent dans la grande rue de Blackpool. Bientôt, la pluie s’intensifie, et efface les traces des larmes sur ses joues. Alors seulement, elle se retourne pour lui faire face de nouveau, immunisée contre les pleurs et la tristesse. C’est difficile, de le regarder - d’imaginer qu’il puisse souffrir, et que c’est de sa faute. De comprendre pourquoi elle s’entête à faire ça - c’est tellement injuste. Sans un mot, elle s’approche, et plante ses yeux dans les siens, tremblante, fatiguée.

- Ne pars pas.

Ca ne veut rien dire, et ça veut tout dire en même temps. Elle ne peut rien de plus, pas ce soir. Demain, elle avisera. Elle abandonne, lentement mais surement ; laisse tomber sa main pour attraper celle d’Alan, craignant qu’il la rejette maintenant qu’elle a tout fait pour qu’il le fasse. Elle s’en veut d’avoir pensé un instant qu’elle était prête à vivre ça, même s’ils ne sont pas mariés. Alors, sans un mot, elle baisse les bras et se réfugie dans les siens. Sa main libre s’accroche à sa chemise, et elle se mord la lèvre pour ne pas pleurer, pour ne pas crier ou tomber. Une tempête gronde à l’intérieur de sa tête, de son coeur. Elle reste comme ça, coincée dans sa douleur qui refuse de sortir, puis prend une inspiration pour lui rendre sa liberté.

- Rentrons, elle finit par dire, en hochant la tête.

Elle a mal à la tête, comme si ses émotions coincées la faisaient souffrir. Elle a peur de l’instant où ils vont se retrouver dans la lumière de leur chambre d’hôtel. Ses émotions la tiraillent, et elle a l’impression de marcher sur un fil. Elle suit Alan sans rien dire, perdue dans ses pensées, en regardant le paysage, en imaginant son père qui s’y promène, qui y vit, qui y meurt. Dans la voiture qui les ramène, elle s’installe contre la portière pour regarder dehors ; elle a honte, elle a mal - mais évidemment, elle éprouve les plus grandes difficultés du monde à formuler des excuses à voix haute. Il est trop tôt, elle est trop fatiguée, il a trop de peine, elle a trop mal.

Alors elle prend sa main sans quitter le paysage des yeux, en attendant qu’il regagne l’hôtel. C’est tout ce qu’elle est capable de faire.
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